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samedi 8 décembre 2012

Comme des attaques personnelles

Ce matin, au petit déjeuner, la radio me disait déjà qu'il y aurait des manifestations contre moi. Je prends le dossier trop à cœur. Je personnalise, je suis égoïste. On me dit pourtant que c'est pour le bien de l'humanité qu'on me refuse le droit d'être comme tout le monde. De l'humanité toute entière que je mets en péril si jamais je me mettais à avoir les mêmes droits que tout le monde.

Il y a des gens très bien, d'ailleurs qui émettent des réticences face à mon mariage. Des gens que j'estime par ailleurs et qui partagent les mêmes valeurs que moi : celle du socialisme. Par exemple, il y a la député-maire de Chambéry, Bernadette Laclais. Je l'estime, parce qu'elle a écrit de jolies choses pour l'enterrement de mon père et que je sais qu'elle est une femme de convictions et qu'elle fait du bon travail sur le terrain. Il n'empêche qu'elle émet des réticences. Elle en a le droit, bien sûr. Même si je ne comprends pas, au nom de ces valeurs que nous partageons par ailleurs.

Je ne me sens pas moins légitime qu'un couple hétérosexuel pour être protégé par la loi et j'espère qu'on ne juge pas ma relation de couple de moins bonne qualité que celle d'un couple hétérosexuel.

Je ne pense pas que ma compagne mérite de se voir sans droit sur mon héritage, si je meurs. Je ne pense pas qu'elle mérite de se voir rayée de ma vie.

Si la vie le veut, j'aurais des enfants, moi aussi. Et nous serons des parents comme les autres : aussi aimants et aussi démunis devant leurs larmes, au début. Aussi soucieux de la réussite de leurs études, aussi désarmés devant leur crise d'adolescence, sans doute. Mais pourquoi, si je n'ai pas porté ces enfants mais que je les ai élevés, ils me seraient arrachés si ma compagne meurt.

Si la loi me protège, d'autres seront-ils lésés ? 

CC

4 commentaires:

Didier Goux a dit…

Le problème vient de ce que vous mélangez plusieurs qui ne se situent pas au même niveau. Que la loi vous permette, à vous ou à votre compagne, d'hériter les biens du couple en cas de décès de l'autre, c'est évidemment à souhaiter et à faire : il suffirait pour cela de toiletter légèrement le Pacs existant.

De là, vous passez à l'affirmation que vous seriez, le cas échéant, des parents “comme les autres” : vous savez bien que c'est faux, que justement vous ne seriez pas des parents “comme les autres”, et c'est bien là que se situe le nœud de l'affaire.

D'autre part, la société ne vous refuse pas le droit d'être comme tout le monde ; elle vous autorise même à vous marier, exactement comme n'importe quelle femme… à condition que vous le fassiez avec un homme, puisque c'est la définition même du mariage. À partir du moment où vous vous ne voulez pas (ou ne pouvez pas) respecter tous les termes du contrat, il semble logique qu'on vous en refuse la signature. C'est comme si quelqu'un exigeait, au nom de l'égalité, de bénéficier de la gratuité des transports ferroviaire, mais en refusant de passer le concours d'entrée à la SNCF (toutes proportions gardées, il va sans dire…)

En bref, il y a tout de même quelque chose d'illogique, pour ne pas dire légèrement schizophrène,à revendiquer sa différence (comme je crois qu'on dit) et, d'un même élan, à prétendre être comme tout le monde.

Enfin, à propos de votre étonnement face aux réticences de votre député : il vient, à mon avis, de ce que vous assimilez le socialisme a une “valeur”, ou à un ensemble de valeurs, quand il n'est, et ne doit être à mon sens, qu'un système politique, et rien que politique.

Cycee a dit…

Que ce soit le "nœud" du problème (même si...bref...), je le sais bien. Cependant, être parent, c'est élever des enfants et les éduquer, pas seulement les concevoir. Il y a des pères et des mères qui fabriquent des enfants mais qui ne sont pas parents pour autant. Et si être parents n'est pas élever des enfants, mais seulement une histoire d'adn, alors, on retire la parentalité aux parents adoptifs. Et si être parents ne se conçoit que dans le cadre d'une mère et d'un père, alors on retire la parentalité aux célibataires...

Ensuite, le mot mariage a vu le concept qui y est attaché évoluer grandement à travers les siècles. Pourquoi ne continuerait-il pas à évoluer ? Il se trouve que la réalité rattrape la langue : ce n'est pas parce que l'académie veut que nous disions "jeune pousse" que tout le monde a cessé de dire "start-up"...Vous le savez très bien. On parle de mariage parce que c'est comme cela qu'on nomme le contrat civil liant deux personnes passant devant Monsieur le maire, pour clarifier les problèmes de partage des biens, d'héritage et d'éducation des enfants. Avec le devoir de fidélité, aussi. Tout le reste, le côté symbolique, religieux, métaphorique, ce n'est que ce que chacun veut bien y mettre.

Les valeurs du socialisme, selon moi, c'est à peu près la même chose que les valeurs de la République : liberté, égalité, fraternité. Au centre, donc, l'égalité.

Et je ne revendique pas le droit à la différence concernant quelque chose que je n'ai pas choisi et que je subis : mon orientation sexuelle. C'est quelque chose qui est de l'ordre du privé et de l'intime. Mais cela ne doit pas me retirer des droits.

Unknown a dit…

Mr Didier Roux
Votre réponse est amputé de réalisme. Cela fait 12 ans que je suis séparé avec mes 2 enfants en garde partagé sur la semaine et en plus je vie seul.
Pour des enfants ce qui on besoin c'est de l'AMOUR et je me demande toujours ce qu'on peux reprocher a un couple homo ? les famille monoparental n'étaient pas des familles comme les autre a une époque cela deviens légion dans l'ile de France.
Sur le plan politique c'est écrit dans la profession de foi de notre président… donc légitime que des citoyens ce pose la question envers un élu du PS. A quand les gent seront responsable de la dignité humaine car pour moi des qu'il respecte la liberté de leur prochain il n'i a pas de problème et j'apprécie d'autant plus qu'elle me force a réfléchir. N'allons pas contre l'émancipation de l'homme acompagnon la c'est beaucoup constructif .

Nicolas a dit…

Vous donnez une leçon sur le mariage alors que vous êtes séparé. Etonnant...